Donald Trump et la presse française

Donald Trump

On le sait, le rapport de Donald Trump à la presse est très sélectif. Il a le travers des régimes autoritaires, celui de vouloir choisir les médias qui lui plaisent.

Donald Trump agit-il réellement différemment des autres présidents ?

Récemment, les services du protocole de la Maison-Blanche ont refusé l’accès à un journaliste dont le média est pourtant incontournable puisqu’il s’agit de l’Associated Press : l’agence de presse américaine qui fournit les dépêches aux autres médias. L’agence a refusé (contrairement à Apple et Google) de débaptiser le Golfe du Mexique pour le nommer « Golf d’Amérique » comme le souhaite désormais le président américain. Ce qui a provoqué un certain agacement du côté du bureau ovale d’où serait partie cette mesure de rétorsion en barrant l’accès à l’un de ses journalistes, à l’occasion de la signature d’un décret le mardi 11 février 2025.

Trump, viole-t-il le premier amendement ?

Comme l’a rappelé une élue démocrate, le premier amendement de la constitution américaine consacre la liberté d’expression. On comprend surtout à travers cette décision que le souhait des Trumpistes sera de privilégier les médias favorables au discours MAGA, (acronyme de Make America Great Again le slogan fondateur du Trumpisme) durant toute la durée du mandat. Ainsi récemment, de nouveaux journalistes sont apparus. Ce qui en fait n’a rien d’étonnant. Après tout, pourquoi des podcasteurs, youtubeurs et autres médias alternatifs n’auraient-ils pas le droit eux aussi à l’information institutionnelle de la Maison-Blanche ? Ce qui est d’ailleurs une coutume à chaque alternance politique, la presse change également. La réalité est donc plus nuancée.

Si le nombre d’accréditations est limité à la maison blanche, suivre son actualité est un investissement très coûteux.  Cela signifie mobiliser un journaliste et un technicien durant toute la durée du mandat. Vous devez être disponible du matin au soir et mobilisable en pleine nuit. Si le président décide de partir en pleine nuit à l’autre bout du monde, vous devez le suivre quelles que soient les circonstances et il n’est pas question de choisir ses voyages ou ses événements ! Lorsque vous êtes accrédité Maison-Blanche on ne fait pas du journalisme à la carte, c’est aux conditions du protocole.

Jacques Cardoze, André Bercoff : les exceptions françaises

Et la presse française dans tout ça ? Comme vous pouvez l’imaginer, pour tous ceux qui ont été correspondants aux Etats-Unis, obtenir un entretien avec le président en exercice est une forme de consécration. Il est très rare que le président en exercice accorde ce privilège à un journaliste étranger quel qu’il soit. Il n’y voit pas grand intérêt. Mais il y a une exception qui dépend de l’actualité. Si une crise éclate entre deux pays et que le président américain a besoin de s’adresser aux citoyens du peuple avec lequel il est en conflit, il sera plus enclin à le faire.

Durant la campagne électorale américaine, l’enjeu est bien sûr différent, mais le problème est le même : les médias étrangers passent bien après, la plus petite des télévisions locales qui rassemblera toujours plus d’électeurs qu’un média français. Pourtant deux journalistes français ont réussi à décrocher ce graal avec Donald Trump. Il s’agit de Jacques Cardoze, à l’époque correspondant de France Télévisions aux États-Unis et d’André Bercoff qui à l’époque travaillait pour le compte de Valeurs actuelles. Bercoff a obtenu un faux entretien (facilité par des contacts au RN) puisque ses questions ont été envoyées par courrier électronique et traitées par les services du futur président. En revanche Jacques Cardoze a réussi ce qu’aucun autre correspondant français n’avait réussi avant lui : la scène se déroule juste après un débat télévisé pendant la campagne de 2016. Comme tous les médias accrédités, mais ne faisant pas partie des « Big five » NBC, CNN, Fox, CBS et ABC, il a la possibilité de participer au « stake out » ce tapis rouge où tous les journalistes vont tenter de poser une question pour obtenir une interview « à eux ». Jacques Cardoze a alors l’idée assez maline de brandir la une du journal « Le Monde » parue quelques auparavant et qui titrait sur « Le phénomène Trump », celui-ci hurle alors à l’adresse de Trump et de son entourage, situé quelques mètres plus loin, que Trump est un phénomène et que toute la France en est fan : la preuve le plus grand journal le dit ! Trump intrigué s’approche de ce journaliste français un peu agité. Et lance à son entourage « Hé vous voyez je suis un phénomène en France et on parle de moi partout dans le monde ! » En jouant sur son égo, le journaliste français a fait mouche ! Trump lui dit alors : « allez, mon gars tu as gagné, tu as le droit à 3 questions ». On parlera d’économie, du futur de l’Amérique et de ses chances de victoire. L’instant passera aussitôt au journal de Laurent Delahousse le lendemain et sera bien sûr rediffusé dans les journaux de 20h de France 2 plus tard.

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